Armand LACROIX
Sculpteur statuaire
65, BD ARAGO
PARIS 13e
Monsieur Edmond Michelet
Ministre d’Etat chargé des Affaires culturelles
3, rue de Valois 1er
Paris, le 12 février 1970
Monsieur le Ministre
Je me dois de vous signaler une situation pour laquelle vous seul puissiez intervenir pour sauvegarder une cité d’artistes. Là où je vis et travaille, il y a 30 ateliers avec logements. 10 seulement restent occupés par des artistes. (avant guerre on demandait de justifier de sa qualité d’artiste)
Ces ateliers sont situés au rez-de-chaussée, faciles d’accès pour les sculpteurs, dans un cadre de jardins. (cet endroit a fait l’objet d’une présentation à la télévision « Les jardins inconnus de Paris »)
Le bruit court que l’ensemble va disparaître pour faire place à des immeubles – les métreurs sont déjà passés – Certes, nous serons relogés, mais dans quelles conditions ? Aurons-nous la verrière donnant sur le ciel, éclairage indispensable pour tout travail à 3 dimensions. Pour avoir ce que nous avons en neuf, quel prix nous faudra-t-il payer ? Ces ateliers sont en bon état. A mon avis (lettre d’initiative strictement personnelle) l’intervention de l’Etat est souhaitable pour protéger les artistes et dans ce cas mettre un frein à la spéculation immobilière. Sachant votre disposition à ce sujet et à notre égard, je forme l’espoir en portant cette situation à votre jugement que vous pourrez prendre des mesures qui assureraient notre maintien dans les lieux pour longtemps encore.
Veuillez agréer, je vous prie, Monsieur le Ministre, l’expression de mes sentiments les plus respectueux.
Armand Lacroix
Association des artistes du 65 boulevard Arago
Pour la sauvegarde de la Cité Fleurie
Association déclarée J.O. 22.3.70
Paris, le 11 juillet 1981
Communiqué
La Cité Fleurie est encore dans les transes. Sa situation paraît en ce moment en effet, extrêmement grave car le temps presse et il faudrait y apporter une solution définitive de toute urgence.
Le Gouvernement est très favorable à son sauvetage, les artistes en ont reçu l’assurance formelle. Mais la situation telle qu’elle se présente demanderait à être réglée en quelques jours, c’est à ce point. Sinon les ateliers seront vendus. Des déclarations d’intention d’aliéner ont été déposées le 2 et 9 juin pour 7 ateliers et le droit de préemption que seule la Ville peut faire valoir arrive à expiration.
Pour récapituler, la « Séfima » société promotrice n’ayant pu construire, mais ayant été dédommagée par l’Etat, la Cité Fleurie est passée à des marchands de biens, d’abord la « C.I.P. » et maintenant la « Sigestra » qui propose aux artistes leurs ateliers à des prix prohibitifs de l’ordre de 75 millions à plus de 100 millions. Elle est donc sur le point de tomber aux mains de non-artistes. Les acquéreurs sont là. La situation va devenir irréversible.
Notre Association n’a pas sauvé ce site après onze années de lutte pour que de riches bourgeois viennent dénaturer son caractère de cité d’artistes.
Nous ne croyons pas que la population parisienne qui a soutenu massivement notre action et le Conseil de Paris qui a voté récemment à l’unanimité son inscription en zone U.L. aient agi pour que la Cité Fleurie devienne un lieu de résidence comme il en existe déjà un certain nombre dans le 16e arrondissement.
Comptant sur votre soutien, nous vous adressons nos remerciements anticipés
Armand Lacroix